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Confiteor

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confiteor-1400673-616x0Cet article est à lire après avoir terminé le roman car les explications, les éclaircissements sont à découvrir par le lecteur car ce dernier, en suivant les indices disséminés par Jaume Cabré, prend plaisir à ce jeu de piste intellectuel.
Titre énigmatique : le confiteor: Confiteor est le titre d’une prière liturgique latine commençant par ce mot latin signifiant « Je reconnais, j’avoue ». La version française est connue sous le titre Je confesse à Dieu. Par cette prière, le chrétien (catholique) se reconnaît devant Dieu pécheur vis-à-vis de Lui et vis-à-vis des hommes . Et dans ce roman-fleuve de Jaume Cabré, écrivain catalan qui, pour cet ouvrage, a reçu de nombreux prix, on est face à un narrateur, Adria Ardevol, qui raconte son enfance à celle qu’il aime alors qu’il a 60 ans. C’est bien trop simple de réduire ce roman à cette phrase liminaire car cette histoire est un tissu de voix qui se succèdent et s’enchevêtrent: nous sommes tantôt dans la tête d’Adria enfant (il dit « je ») puis dans la tête d’Adria adulte (il dit « je ») puis dans la tête de Félix , le père « le meilleur paléographe du monde » (il dit « je » aussi !) puis un narrateur omniscient prend le relais et s’immisce dans ces paroles, à l’intérieur d’une même phrase, on peut passer du « je » au « il » en parlant du même personnage.
C’est également un roman rempli de digressions où brutalement, au détour d’une virgule, on évoque des conflits moyenâgeux, des luttes fratricides pour voler du bois, des luthiers à la recherche de l’essence rare… L’histoire du narrateur est rapportée sur le modèle du souvenir en désordre, déstructuré, fantasmé : le lecteur doit donc essayer de reconstruire l’existence d’Adria Ardevol.C’est dans le Barcelone des années 2000 qu’Adria essaie de mettre de l’ordre dans ses souvenirs juste avant que sa mémoire ne l’abandonne. Les faits sont révélés progressivement et cela devient plus qu’une chronique familiale puisque Adria écrit,certes, sa vie mais des réflexions sur la source du mal: de l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la cité du Vatican pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale. Ce ce que je me propose de faire, consciente d’enlever toute la magie du livre:
Félix Ardevol au début du vingtième siècle est à Rome, s’apprêtant à rentrer dans les Ordres. Fatalement, il tombe sur la belle Carolina et de leurs amours fugaces et interdits naitra Daniela. « Courageusement », Félix s’enfuit et se retrouve à Barcelone. Là,20 ans plus tard, il épouse une jeune fille comme il faut Carme Bosch et dans un appartement cossu, nait Adria, fils prodige destiné à devenir un polyglotte hors-pair pour son père, violoniste de talent pour sa mère: nous sommes dans les années 40 en Espagne, à l’ère du franquisme.Le père Félix possède un magasin rempli d’objets antiques de collection , magasin tenu par Mr Berenguer et Cécilia, jeune fille sensible au charme du patron, Félix. Donc, on le voit une existence trouble pour le père de famille qui finit assassiné, décapité. Sa femme, passant d’épouse docile à véritable maîtresse-femme, veut savoir la vérité : elle apprend que son mari possédait des lupanars offrant des jeunes filles mineures aux clients. On se rend compte de la provenance douteuse de la fortune familiale. N’oublions pas l’essentiel qui est quand même, la vie d’Adria, riche aussi en événements et exaltée par les fantasmes d’enfant: il a un ami Bernat, violoniste lui aussi, qui vit à ses côtés toute sa vie, entre amitié, fascination, jalousie… A l’intérieur des souvenirs de Bernat, on appréhende une autre facette des évènements.